Interview de l'UJVR - Union des Jeunes Viticulteurs Récoltants

JUILLET 2019


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Dans la vallée de la Drôme, L’UJVR  (Union des Jeunes Viticulteurs Récoltants) installée à Vercheney est un des principaux producteurs de Clairette de Die. C’est le troisième en fait, derrière  Jaillance, la grosse coopérative qui fait environ 70 % du marché et les caves Carod qui appartiennent aux Grands Chais de France. L’UJVR produit ainsi chaque année, sur une soixantaine d’hectares, quelque  450 000 bouteilles - dont 5% de crémant. Rien d’exceptionnel a priori si ce n’est le fait que ce regroupement de vignerons ne ressemble en rien à une coopérative classique. Comme l’explique Vincent Viard, le vice-président, «  ce ne sont pas nos adhérents qui nous apportent leurs raisins pour que nous les vinifions. Non, à l’UJVR, nous travaillons les vignes tous ensemble, nous vinifions tous ensemble et nous vendons ensemble, comme si n’était qu’un seul domaine».

Cette structure originale date de 1961 ; elle a pour origine un événement tragique de la seconde guerre mondiale survenu en 1943 : un train allemand qui déraille sur la commune et des représailles terribles avec la déportation de tous les hommes du village âgés de 20 et 40 ans. Ils ont été ainsi 57 à partir…  7 sont revenus ! Toute une génération qui a disparu. A la sortie de la guerre, ce sont donc les grand-pères qui ont tenu les exploitations agricoles jusqu’aux  années 60 où ils ont commencé à passer la main directement aux petits enfants.  Certains de ces petits-fils, qui avaient 20 ans à l’époque, ont décidé de se regrouper à ce moment-là ; ils ont alors mis en commun leurs terres et leurs matériels et ont créé cette union des jeunes viticulteurs récoltants dans une structure qui est une société coopérative agricole d’exploitation en commun SCAEC. « C’est d’ailleurs notre statut qui aurait inspiré la loi sur les GAEC en 1964 » souligne encore Vincent Viard.  Depuis, le nombre d’associés varie entre 7 et 9 (pas toujours les mêmes) ; ils sont sept aujourd’hui qui travaillent donc en commun près 60 ha de vignes.

« Notre activité principale, c’est bien de produire de la Clairette, en travaillant nos vignes et en faisant notre vin. Mais nous sommes aussi négociant éleveur, une activité qui a tendance à se développer ».  Depuis 2008, il convient donc d’ajouter aux 450 000 bouteilles siglées UJVR les 600 000 cols produits par UJVR Elaboration, la société de négoce qui s’est adossée à la société coopérative. Le principe est simple : UJVR Elaboration achète des raisins et des vins sur lattes qu’elle commercialise essentiellement en grand distribution et à l’export (près de 30 %). La coopérative, elle, vise plutôt le secteur traditionnel, glanant au passage des médailles… dont une en or au Concours national des crémants à Paris en 2018.

Les vignes des membres de l’UJVR constituent le plus gros domaine de l’appellation. Elles sont situées sur des coteaux très escarpés, principalement à Vercheny mais aussi  Barsac, Saint-Sauveur en Diois et Aurel où l’UJVR vient de faire l’acquisition d’un domaine de 17 ha, le domaine des Muttes, qui est en conversion bio alors tout le vignoble de la cave est déjà estampillé « Haute Valeur Environnementale » niveau 3. Avec sa Clairette de Die (80 à 85% de muscat + clairette blanche) élaborée avec la méthode ancestrale et son crémant (75% de clairette blanche, 23 à 25% d’aligoté et le reste en muscat) méthode traditionnelle, l’UJVR a le vent en poupe et surfe sur le vague de l’engouement actuel des consommateurs pour les bulles : « Aujourd’hui, la Clairette a perdu son image désuète, rajoute encore Vincent Viard ;  c’est moderneparce que c’est léger en alcool et parce que la méthode de vinification est complètement naturelle ».

Jean Calabrese

UJVR / cave de Vercheny / 04 75 21 70 88 / contact@ujvr.fr