Portrait du mois

Gabriel Meffre - Etienne Maffre


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En prenant la présidence de l’UMVR, Etienne Maffre, Directeur général de Gabriel Meffre, a ouvert deux dossiers prioritaires : mieux faire connaître et reconnaître le métier de négociant et faire avancer le pilotage collectif de la filière.

 Winerie du Rhône

La maison Gabriel Meffre est une Winerie du Rhône. Une Winerie pour toute l’intention de modernité que peut apporter ce terme anglo-saxon que l’on a pris soin de franciser. Du Rhône pour bien marquer la différence avec les wineries du nouveau monde en revendiquant fièrement les 2 000 ans de tradition viticole de ce terroir et l’héritage que cela suppose. Etienne Maffre incarne bien le style Rhône. Jeune, sérieux sans se prendre au sérieux, cool et décontracté. Au-delà du style, être une Winerie du Rhône, c’est être une synthèse. Entre l’amont et l’aval. Un lieu où l’on a les deux pieds dans la vigne, mais où l’on sait aussi créer des marques. Entre Bourgogne et Languedoc. Le terroir, le climat, le parcellaire et la gastronomie d’un côté ; l’innovation décomplexée de l’autre. Géographiquement et culturellement, le Rhône, c’est l’espace qui réunit la tradition et la modernité. « Nous prenons le plus intéressant dans les modèles novateurs », résume Etienne.

 Assemblage de métiers

Depuis que le vin est vin, il y a des gens pour le produire et des gens pour le vendre. Sauf que, de plus en plus, les uns et les autres se mélangent allègrement. Les producteurs qui souhaitent se développer n’ont pas d’autre choix que de prendre une carte de négociant, ce qui leur permet d’acheter le raisin qui les intéresse sans avoir à acheter les propriétés. Du côté du négoce rhodanien, bien rares sont ceux qui ne possèdent pas leurs propres vignes. Tous en tout cas s’impliquent bien en amont pour sécuriser leurs achats, assurer leur qualité et accompagner techniquement les vignerons partenaires. Si à terme, ce rapprochement des métiers devrait favoriser une meilleure gestion de la filière en facilitant la compréhension mutuelle, il faut bien admettre que l’on n’en est pas encore là.

Co pilotage économique

La question du pilotage économique de la filière montre en effet qu’à la moindre averse, c’est le retour au chacun pour soi et que le vin a en France une longue tradition de crise qui ne s’efface pas d’un revers de manche. Le syndicat des négociants de la Vallée du Rhône, l’UMVR, a développé et soumis à tous les acteurs de la filière une charte d’intention économique. Elle sous-entend des efforts mutuels pour pouvoir être en capacité de co-piloter la machine. Et nécessite pour cela de disposer d’informations complètes, à jour et fiables. C’est là que pour l’instant le bât blesse : « nous manquons cruellement de données, ce qui provoque beaucoup de fantasmes et ne nous aide pas à sortir des positions dogmatiques », analyse Etienne Maffre.

Problème de robinet

L’idée, c’est de recueillir et d’analyser le plus de données possibles, depuis le raisin dans les vignes jusqu’à la bouteille vendue aux différents consommateurs sur les différents marchés. Pour cela, comme cela se fait en Champagne, il faut obtenir que chaque maison de négoce et que chaque producteur soit d’accord pour livrer à l’inter profession copie de ses factures. Même si les informations versées au pot commun sont anonymisées, ce n’est pas simple du tout à faire comprendre et accepter. « Notre pari, poursuit Etienne, c’est d’être en mesure de partager collectivement plus d’informations précises. De faire un effort nous, en tant que négociants, sur l’aval et de faire passer l’idée que l’amont doit aussi plus se partager en termes décisionnel. Ce qui, aujourd’hui, n’est pas mûr du tout. On s’inscrit simplement dans un cadre règlementaire qui dit que c’est la production qui décide des rendements, des autorisations de plantation, etc. Mais si l’on veut un modèle économique sain et profitable à tous, il faut savoir ouvrir ou fermer collectivement le robinet ».