Interview de Denis Roume - UVICA

DECEMBRE 2015


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Depuis 1967, les regroupements de caves se sont succédé en Ardèche jusqu’à la création en 1994 d’un véritable groupe économique, l’UVICA, qui commercialise aujourd’hui plus de 80% des vins de cette appellation

« Ici, on n’est pas assez nombreux pour se disputer ». En une phrase, Denis Roume, directeur depuis près de trente ans de l’UVICA (Union des vignerons des coteaux de l’Ardèche), résume l’état d’esprit des vignerons ardéchois. Plutôt que de se tirer dans les pattes et de  jouer chacun pour soi isolé dans sa petite vallée, ils ont compris depuis longtemps que pour sen sortir, il fallait s’unir. Et c’est ainsi que le premier regroupement de caves s’est produit en 1967 à l’initiative de 7 présidents de coopératives (L’Argentière, Ruoms, Saint-André de Cuzières, Saint-Remèze, Viviers, Vinezac et Vogüe). « L’idée, bien sûr, c’était de se regrouper pour essayer de mieux négocier  les ventes de vin - tout en vrac à l’époque, d’être capable d’avoir du personnel commun et de s’échanger des services et, surtout, de mettre en place un projet global d’amélioration qualitative ».

Six ans plus tard naissait une autre union, celle des neuf caves de la Cévenne ardéchoise qui, finalement, devait fusionner en 1994 avec la première union, donnant ainsi naissance à cette énorme entreprise que l’on connaît aujourd’hui, l’UVICA.  

« Il fallait absolument aller de l’avant à la fois en matière de replantation du vignoble et de renouvellement du matériel de caves, souligne Denis Roume. Sans parler des questions de vinification et autres. Les coopératives voulaient avoir plus de prise sur l’aval en proposant des produits de qualité, et cette ambition, c’est l’Union qui l’a réalisée ». Même si d’autres éléments y ont beaucoup contribué comme la création des vins de pays au début des années 1970 et la mise en place de la PAC qui favorisait les groupements de producteurs.

Le terroir et le marché

Un exemple qui n’est pas unique. Au cours de ces année-là ont eu lieu en effet plusieurs regroupements de coopératives comme Marrenon dans le Luberon, le Cellier des Dauphins dans les Côtes du Rhône ou encore  Val d’Orbieu dans le Languedoc-Roussillon. A une différence près : l’UVICA fonctionne en « apport total », ce qui signifie que  toute la production des caves adhérentes est commercialisée par l’Union qui fixe les objectifs à atteindre.

Cette politique, qui consiste à connaitre les potentialités de son terroir et, dans le même temps, à être observateur des marchés, est à l’origine de l’essor important des vins d’Ardèche depuis quelques années, vins qui ont gagné en qualité et en notoriété.  « Il faut être capable de faire le lien entre ces deux extrêmes : le terroir et le marché. Et de s’adapter ».

Ce que les Vignerons Ardéchois ont su faire, eux qui, après le renouvellement complet de leur  vignoble en seulement une petite vingtaine d’années, ont été parmi les premiers à proposer des vins mono cépages dès la fin des années 1970… « Oui, nous avons été des précurseurs ! ».

Néovinium, la carte de l’œnotourisme

Reste la nouvelle carte dévoilée par les Vignerons Ardéchois en 2013, leur botte secrète : Néovinium, un complexe œnotouristique de 1 500 m2 comprenant un espace découverte œnologique et un caveau de vente au détail. Un investissement de quelque 3,5 M €…

Pour Denis Roume, il est très important pour les Vignerons Ardéchois de communiquer car ils sont certes dans la vallée du Rhône mais un peu à l’écart quand même. « Or, nous avons toujours pensé que commercialiser en France et à l’export ne signifie pas négliger le particulier. D’autant que les touristes, déjà très nombreux dans le sud Ardèche, le sont encore plus depuis la découverte de la grotte Chauvet et de l’ouverture de sa restitution, au début de l’été, cette fameuse caverne du Pont d’Arc qui attire déjà des milliers de visiteurs.  

« Aujourd’hui, au côté du tourisme de plein air, nous avons ici une forme de tourisme culturel qui prend de l’ampleur. Néovinium, qui réalise déjà un chiffre d’affaire de 1,4 M€, est là pour les accueillir,  pour leur parler à la fois de nos terroirs et de nos vins mais également de notre philosophie.  Ce n’est pas qu’un caveau ; c’est aussi un lieu où l’on apprend quelque chose ».

                                                                                                                     Jean Calabrese