Interview de Damien Brisset - FERRATON

FEVRIER 2016


Image actualité

La renaissance de la Maison Ferraton Père et fils

Au cœur de Tain l’Hermitage, l’entreprise familiale tombée dans l’escarcelle de la Maison Chapoutier en 2007 affiche sa différence et construit sa notoriété grâce une équipe jeune emmenée par Damien Brisset.

Alors qu’un certain nombre de grandes maisons ont déserté depuis longtemps le centre de Tain l’Hermitage, la maison Ferraton Père et fils, elle, a décidé de garder son adresse historique, là où tout a commencé. « Lorsque Michel Chapoutier a acquis la totalité des parts de ce Domaine Familial, souligne Damien Brisset, vice-président production et œnologue, il a fallu choisir entre la raison et le cœur : soit partir et trouver un autre emplacement car le bâtiment était en mauvais état ; soit rester ici, ce qui a été décidé car nous pensons que le vin est un produit quasiment culturel qui doit s’incarner dans une histoire. Et cette histoire, pour nous, elle est ici, dans ce bâtiment qui a abrité toute l’aventure de la famille Ferraton ».

Une aventure qui a débuté au lendemain de la seconde guerre mondiale avec Jean Orëns Ferraton, lui-même fils de vigneron. Il crée le domaine et le lègue à son fils Michel qui poursuit avec passion et ténacité l'œuvre paternelle. A tel point que dans les années 1990, le domaine Ferraton a pignon sur rue, Michel étant même l’un des rares vignerons en cave particulière à exporter aux Etats-Unis, en dehors bien entendu des grandes maisons comme Guigal, Chapoutier ou Delas etc… « C’était un petit vigneron par la taille mais grand par le talent. On connaissait Michel Ferraton comme un excellent vinificateur, très bon dégustateur. Pour dire à quel point il était important, c’est lui qui avec la complicité de Gérard Chave a relancé le vin de paille sur l’Hermitage ».

Mais la situation s’est dégradée par la suite (difficultés financières, transmission compliquée).  Alors, dès 1998, et grâce à l’amitié entre deux Michel, Ferraton et Chapoutier, le Domaine Ferraton devient la SARL Ferraton Père et fils dans laquelle la famille Ferraton apportait le foncier et Michel Chapoutier les capitaux. Permettant ainsi à Samuel FERRATON de s’installer sur le Domaine Familial jusqu’en 2007 où celui-ci décide de se retirer de l’entreprise.  

Nouvelle équipe, nouveau départ

Aujourd'hui, le vignoble s'étend sur les appellations HermitageCrozes-Hermitage et Saint-Joseph mais les achats de raisins se font également dans de nombreuses appellations : Côte-Rôtie, Condrieu, Cornas, Châteauneuf-du-Pape, Tavel, Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône Villages Plan-de-Dieu. Et les projets ne manquent pas.

« Nous recevons de plus en plus de monde au domaine qui a aujourd’hui un fort capital sympathie, commente Damien Brisset. Nous avons une notoriété à construire. Mais, déjà, chez toutes les personnes qui viennent nous voir, que ce soit des journalistes ou de simples particuliers, on sent bien qu’ils aiment ce petit domaine ».

Pour en arriver là, Michel Chapoutier a mis en place il y a une dizaine d’années une nouvelle équipe, technique et commerciale, dédiée uniquement à la maison Ferraton. A laquelle il a donné carte blanche pour mener à bien cette renaissance. « Nous partageons, c’est vrai, la même philosophie de la viticulture et du vin que notre papa adoptif, Michel Chapoutier,  puisque l’on va parler de biodynamie, de sélection parcellaire, d’activité de négoce…  Mais nous sommes sur des terroirs différents de ceux des autres maisons, en particulier sur Hermitage et Crozes Hermitage, sur lesquels notre mode de culture adapté à chaque parcelle permet de donner une identité et une authenticité propres aux vins de la maison Ferraton ». A découvrir dans ces cuvées intimes et très qualitatives qui font désormais la réputation naissante de cette Maison,  comme la cuvée Les Dionnières en Ermitage rouge (100% syrah), ou la cuvée Reverdy en Ermitage blanc, issue de marsanne et de roussanne…  

                                                                                                                     Jean Calabrese